Note de
lecture :
« Compère
qu’as-tu vu ? Une enfance occupée »
Roland Duval (2013, édition
Ecluse)
A peine avais-je déjà dévoré les
deux premiers courts chapitres du livre que je me remémorais son auteur, Roland
Duval, mon professeur de littérature en 1966 au lycée en forêt !
« Son écriture leste et
précise était à l’image des gestes, du visage enjoué et pétillant du narrateur
devenu pédagogue et scénariste ?
C’était donc bien lui le «compère »
dont l’enfance avait été occupée et par la guerre et par son propre destin.
Sans jamais s’apitoyer ni sur lui ni sur ceux qui l’entourent, l’enfant des
années 40 traverse la France, son pays, qui subit alors l’humiliation de la
débâcle, de la drôle de guerre et de la défaite.
Affamé et transis, c’est avec ses
parents et quelques amis de mauvaise fortune qu’il se retrouve sur les routes,
dans des gîtes délabrés, une prison ou carrément dans les bois, voire nulle
part ?
En quelques mots on devine les
sentiments, les émotions juvéniles et même ses franches rigolades malgré le
drame!
Le petit voyageur malgré lui,
évoque aussi ses
trouilles, comme celles de l’orage et de la pluie qui «brouille
les paysages, les villes».
Lyon est si bien campée dans ses
brumes, les promiscuités nauséabondes de l’occupation, mais aussi du mystère
des traboules ! Les longs passages secrets des collines de Croix Rousse.
Il se passait bien des choses
entre les adultes jetés sur les routes comme des «troupeaux de réfugiés que les
allemands mitraillaient» !
Et pourtant ils se haïssaient se trahissaient et Roland n’en perdait pas
une miette !
Chez les enfants aussi les
moments sont cruels, c’est le temps du plus fort et des raclées imposées
aux plus jeunes comme le petit compère qui subissait sans se plaindre ! il apprenait la
vie !
Avec un choix de mots justes, la
descente aux enfers et les événements de guerre sont évoqués sans emphase et
pourtant le lecteur comprend à demi-mot. Les scènes sont souvent écrites comme
des plans /séquence de cinéma.
L’écriture efficace et forte de
Roland Duval n’est pas sans me
rappeler les nouvelles magnifiques de « Aharon Appelfeld » un
des plus grands écrivains de notre temps, qui a traversé la shoah et pourtant affirme « qu’il est
inhumain de faire de littérature sur
les horreurs des fours crématoires » mais plutôt évoquer les êtres humains et leur histoire(s) pour mieux
servir la transmission éternelle de la mémoire »
Merci à toi infiniment, Roland Duval,
« le dessinateur de
cathédrales » de nous avoir laissé ce beau livre, et tes
enseignements de la littérature et du cinéma.
Richard ATLAN (LeF 61-67)
La Fouillouse le 20 juin 2019
CD: Lors du dernier Ralef, j'avais demandé que les auteurs régionaux soient représentés.
- reste quelques superbes ouvrages illustrés par nos anciens profs G.THOUVENOT, commentés par France THOUVENOT
- Nombreux avaient déjà lu des romans de Roland DUVAL et Christiane avaient apporté ses dernières œuvres.
- Nombreux avaient déjà lu des romans de Roland DUVAL et Christiane avaient apporté ses dernières œuvres.
- Daniel PLAISANCE (LeF 61-64) m'avait informé qu'il s'était essayé à une nouvelle forme: 2 romans publiés depuis le précédent Ralef. Toujours une belle écriture si agréable à lire.
- Catherine de la Clergerie venait de publier 4 nouvelles autobiographiques dont plusieurs avaient été lues sur France Culture.
Ce blog est le votre
donnez-moi des textes à publier
****************************************************
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire